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 Source : Le Figaro (28/09/2001)    Source : Le Figaro (28/09/2001)
[Articles du 28/09/2001] - [ Periode : 09-2001 (154 articles)] - [ Source : Le Figaro (22 articles)]

Article paru le 28/09/2001 - Cet article est la propriété du journal ou société : Le Figaro

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Toulouse s'est recueillie


Après la catastrophe, les Toulousains ont admis qu'il y a un temps pour tout. Aussitôt après la déflagration qui s'est produite vendredi en milieu de matinée, était venue la peur. Le lendemain fut un jour d'hébétude. Dimanche, il fallut tenter de se rassurer. Lundi, tous eurent envie de comprendre. Mardi, la colère a grondé après les déclarations du procureur estimant que l'explosion «serait à 99% d'origine accidentelle (...) provoquée par des négligences». Hier, Toulouse s'est recueillie.

La ville a tourné son émotion vers les victimes. Une cérémonie funèbre œcuménique, en présence de toutes les autorités religieuses représentant toutes les confessions, a été célébrée à la cathédrale Saint-Étienne par Mgr Émile Marcus, évêque de Toulouse. Jacques et Bernadette Chirac, Lionel Jospin, Laurent Fabius, Jean Glavany étaient du nombre des personnes qui se sont recueillies à la mémoire des vingt-neuf personnes qui ont perdu la vie dans cette catastrophe industrielle. Ils se sont joints aux prières de milliers de Toulousains qui ont afflué vers la cathédrale. Les autres, plus nombreux encore, qui n'ont pu approcher de l'édifice religieux, ont pu suivre la messe diffusée en direct par la station locale Sud Radio.

La cérémonie devait être suivie du geste voulu par les sauveteurs, qui ont tenu à déposer des bouquets de violettes, la fleur emblématique de Toulouse, au pied des vestiges de l'explosion. De nombreux employés de l'usine ont également tenu à accompagner cet ultime cortège.

Les familles des victimes étaient bien sûr présentes. Certaines, la veille, ou l'après-midi même, avaient dans l'intimité adressé un dernier adieu à un être cher. Arlette Teruel, 45 ans, Rodolphe Vitry, 27 ans, Thierry Le Doussal, 42 ans, tous employés de l'usine dévastée, ont été inhumés hier. D'autres cérémonies se déroulent aujourd'hui, pour Jacques Zegen, 43 ans, ou Gilles Contremoulins, 32 ans.

La liste des malheurs est longue encore. Vingt-neuf noms gisent ainsi sur une feuille dactylographiée. C'est bien peu pour résumer une vie. Comme celle de Gérard Coma, par exemple. Secouriste, agent de sécurité, animateur de clubs sportifs à ses heures de loisirs, il a été fauché dans l'usine. Cet homme âgé de 58 ans, qui avait passé sa vie à s'occuper des autres, s'apprêtait à partir à la retraite dans quelques semaines.

Ce ne sont que des exemples, ils se répètent vingt-neuf fois, de façon aussi navrante, aussi vaine. Et désolante aussi pour combien de mères, d'épouses, d'enfants. Peut-être ne suffit-elle pas en ces instants si douloureux, mais la compassion des Toulousains est réelle. Dans les appartements dévastés, sur le seuil de leur maison inhabitable, les sinistrés - fussent-ils parmi les plus démunis - ont tous les mêmes mots: «Bien sûr, on peut se plaindre, mais nous pensons surtout à ceux qui ont vécu le drame dans leur chair, à leurs familles si cruellement frappées.» Cette émotion s'accompagne de gestes vrais et simples. Nombreux sont les Toulousains qui affluent vers les «centres de contact» ouverts par la mairie.

Tous viennent proposer quelque chose qui va plus loin que les sentiments, qui se traduit par un geste: une chambre pour des sans-abri, des vêtements et, surtout, leur temps et leur énergie, comme pour marquer cette volonté «d'être avec» , pour communier avec cette ville en deuil.«Toulouse a besoin de se réunir et de se reconstruire» , a dit un prêtre à l'ouverture de la cérémonie qui a débuté en grandes orgues, accompagnées par les chœurs des petits chanteurs à la Croix Potencée, qui ont chanté un requiem, Lumière des hommes , après avoir apporté vingt-neuf bougies au pied du Cierge pascal. «Nous sommes ici pour demander à Dieu qu'il apaise nos cœurs (...) qu'il leur donne la force de se tourner vers les familles des victimes» , a enjoint avec l'émotion au bout des lèvres l'évêque de Toulouse.

Par-delà son faste apparent, la cérémonie a su rester sobre. C'est dans une grande ferveur qu'a résonné un «Alleluia» grégorien, accompagnant une lecture de saint Jean. Mgr Marcus a ensuite prononcé une homélie simple, mais de grande douleur, inspirée par l'épouse d'une des victimes: «Ce matin, nous nous sommes quittés, et je ne l'ai pas vu revenir. Nous nous aimions.»

«Il n'est pas de discours à faire sur la souffrance. Il faut maintenant aider, certes à reconstruire les maisons, mais soutenir aussi les plus éprouvés. Tout cela est difficile, mais c'est à notre portée» , a-t-il demandé aux Toulousains qui, semble-t-il, l'ont déjà entendu.

Philippe Motta


 Source : Le Figaro (28/09/2001)    Source : Le Figaro (28/09/2001)

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